Samedi après midi, une belle journée ensoleillée, comme de mieux pour une petite après midi avec Reagan, son meilleur ami. Ils étaient ensemble au lycée mais ils devaient sans cesse faire face aux regards et murmures sur leur passage. Ils s'en fichaient de ce qu'on pouvait dire sur eux, ils avaient l'habitude mais ils aimaient se retrouver seuls, pour profiter de chaque instant. Lulla attendait son meilleur ami sur banc, ils auraient toute l'après midi pour flâner dans les rues chaudes de la ville. Il n'était jamais à l'heure, mais la jeune fille avait l'habitude et attendait patiemment, profitant des rayons qui réchauffaient son visage. La ville grouillait de monde, comme si le beau temps avait poussé la foule à sortir de leur petit cocon. Son iPhone vibra ce qui la tira de ses pensées. C'était Reagan qui disait qu'il était en chemin. Un sourire s'afficha sur son visage, irrécupérable. Il ne serait jamais à l'heure. Plusieurs minutes plus tard, elle aperçut la carrure imposante du jeune homme qui se dirigeait vers elle. Elle se leva d'un bond, prête à l'accueillir. Quand il fut enfin à sa hauteur, elle enlaça sa taille, Reagan avait quasiment deux têtes de plus que la jeune fille. Autant dire qu'elle paressait fragile en comparaison. Mais elle se savait en sécurité avec lui, quoiqu'il arrive. Alors qu'elle déposa un baiser sur sa joue elle lui fit remarquer son retard.

« Rea je te jure je t'offre une montre pour ton anniversaire ! C'est pas bien de faire attendre les demoiselles comme ça, t'as pas honte ? » Lui demanda-t-elle d'un air faussement énervé. Malgré ses retards, elle savait que si un jour elle avait vraiment besoin de lui, en urgence, il débarquerait aussi vite que possible. Mais pour leur sortie, comme tous les mecs, il prenait son temps sans faire attention à l'heure. « Pour la peine tu m'offriras une glace, j'ai une envie de glace à la vanille depuis ce matin ! » Lui imposa-t-elle. Après tout il pouvait bien se racheter comme ça. Elle attrapa son bras et se dirigea dans la grande rue principale. Ils n'avaient que l'embarras du choix pour leur occupation, ils finiraient certainement dans le centre commerciale. Lulla adorait trainer son meilleur ami dans tous les magasins de vêtements qu'il y avait. Et lui, il ne savait jamais lui dire non, et se contentait de lui donner son avis sur les tenues qu'elle pouvait parfois essayer, la conseillant. Le point de vue d'un garçon pouvait toujours servir après tout.

Lullaby se sentait d'humeur radieuse, il faisait beau, c'était le week-end et elle était accompagnée de son meilleur ami pour errer en ville toute la journée. Même s'ils croiseraient très certainement des élèves du lycée, ils ne seraient pas épier à chaque mouvement. Tout le monde aimait les caser ensemble et depuis leur arrivée, des rumeurs couraient sur eux, comme quoi ils étaient en couple, mais prétextaient être seulement amis pour pouvoir sortir avec d'autres personnes. C'est dingue comme l'esprit des adolescents pouvait être parfois perturbé. Comme si l'amitié garçon-fille ne pouvait pas exister. Parce qu'une fille et un garçon étaient inséparables c'est forcément parce qu'ils sortaient ensemble. Foutaises ! Leur amitié durait plus longtemps que la durée moyenne d'un couple du vingt et unième siècle alors bon si ça avait été réellement le cas ils ne seraient certainement plus ensemble. Le secret de leur amitié était que pour eux, tout était clair comme de l'eau de roche entre eux, même s'ils se faisaient des câlins ou des bisous, tout cela restait parfaitement innocents, du moins jusqu'à présent. Pourtant, la petite brune s'était surprise à apprécier le baiser qu'ils avaient échangé lors de cette fête ou ils avaient relevé ce pari stupide.

Et malheureusement pour eux, ce n'était pas la seule chose stupide qu'ils avaient fait ce soir là et ils finiraient par l'apprendre plus tôt que prévu. « Bon alors, t'as envie de faire quoi cette après-midi, hormis manger des hamburgers et jouer aux jeux vidéos bien sur ? » Le taquina-t-elle, un sourire en coin. Elle aimait bien l'embêter et c'était réciproque. Mais jamais ils n'avaient été méchants envers l'autre même lorsqu'ils se disputaient parfois. Il y en avait toujours un qui revenait se confondre en excuse, ne pouvant rester trop longtemps en froid sans se parler, se voir. C'était tout bonnement pas vivable. Ils avaient besoin l'un de l'autre pour une raison qui leur avait toujours échappé. Mais peut être que la raison était trop évidente pour qu'ils ne puissent la voir, bien qu'elle avait toujours été là, sous leur nez, comme si il n'y avait qu'eux qui semblaient l'ignorer.

« Si tu veux. J'en profiterais pour m'acheter quelque chose à grignoter, j'étais tellement à la bourre que je me suis privé de repas pour toi. » Un sourire s'installa sur le visage de la petite brune qui sautillait sur place. Face à son petit regard de chat potté elle se mit à rire et se mit sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. En parlant de glaces, elle pouvait apercevoir un glacier un peu plus loin et ça serait leur premier arrêt. « J'en sais rien. je ne sais pas faire grand chose à part ça. Mais je sais ce que je ne veux pas faire : Traîner en ville avec une naine qui me taxe tous mes sous et qui m'entraine dans chacune des boutiques du centre ville de Londres... » Lulla se stoppa et prit un air faussement vexée avant de lui donner un coup de coude dans les côtes. C'est vrai qu'en comparaison elle avait l'air d'une naine mais c'était simplement parce que c'était lui qui était géant. Elle lui tira la langue avant de répondre : « Tout ce qui est petit est mignon. Et pour le reste j'ai une mauvaise nouvelle pour toi. Tu as pas le choix. » Finit-elle dans un sourire taquin. Il avait beau se plaindre il aimait trainer en ville avec sa naine préférée. Elle s'arrêta devant le stand de glaces et ses yeux ne savaient plus ou se poser.

« Bonjour, je voudrai une grande glace vanille à l'italienne s'il vous plait. » Elle laissa Reagan choisir ce qu'il voulait et payer et ils reprirent leur marche. Elle le remercia et commença littéralement à dévorer sa glace. La température gelée de la glace tranchait avec la température extérieure. Lulla fronça les sourcils, sa vue se troubla quelques secondes et elle s'arrêta un instant sous le regard interrogateur de son meilleur ami. Elle lui adressa un sourire rassurant en reprenant leur marche mais la jeune femme n'était pas dans son assiette. Elle avait l'impression que ses jambes menaçaient de céder à chacun de ses pas, tout tournait autour d'elle. Elle s'accrocha aussi fort qu'elle le put au bras de Reagan, lâchant sa glace qui alla s'écraser au sol. Elle leva doucement la tête vers le jeune homme : « Rea'... Reagan, je me sens pas très bien. » Lâcha-t-elle avec mal, elle se sentait mal, jamais elle n'avait ressenti quelque chose comme ça, c'était comme être bourrée mais en beaucoup moins marrant. Elle frissonna de tout son corps avant de relâcher son étreinte sur le bras de Reagan. Tout devint flou, puis noir. Elle ferma les yeux et perdit connaissance, elle pouvait seulement entendre son meilleur ami lui parler, affolé par la situation puis plus rien, le néant.

« Lullaby ? Lulla' ?! Sers ma main. Cligne des yeux. Sers ma main. Lullaby ? » Furent les dernières paroles qu'elle entendit avant de plonger dans le noir. Une drôle de sensation, jamais elle n'était tombée dans les pommes et c'était certainement pour cela qu'elle n'avait pas réagi plus tôt, elle n'avait tout simplement pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Sa vue s'était troublée, tout ce qui l'entourait s'était mis à tourner dangereusement et finalement ses jambes avaient cédé. Tous les bruits des gens autour d'elle semblait tellement lointain. Elle put difficilement percevoir les alarmes de l'ambulance que son meilleur ami s'était empressé de prévenir. L'ambulance conduisit les deux jeunes gens à l'hôpital le plus proche. Ils leur semblaient plutôt étrange qu'une jeune fille en parfaite santé soit victime d'un malaise en pleine après midi sans raison apparente. Il fallut quelques heures à Lullaby avant de reprendre conscience et ouvrir difficilement les yeux. La pièce blanche était beaucoup trop lumineuse pour ses yeux sensibles. Elle avait l'impression d'être dans du coton, encore un peu fatiguée et dans les vapes. Lorsqu'elle commençait à observer autour d'elle, elle put voir Reagan, l'air anxieux, une mine qu'elle ne comprenait pas, avant d'apercevoir des personnes en blouse blanche.

Elle fronça les sourcils et lança un regard interrogateur et inquiet à son ami. Qu'est ce qu'elle foutait à l’hôpital ? Elle tenta vainement de se redresser, elle n'avait pas encore retrouvé toutes ses forces. « Bonjour mademoiselle Everdeen, restez calme. Vous êtes à l’hôpital car vous avez fait un malaise. » lui apprit un médecin qui consultait son dossier. L'équipe médicale avait fait tout un tas de tests pour connaître la cause du problème et ils avaient fini par trouver assez vite. Il avait fallu d'une seule prise de sang pour les éclairer. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? Je me souviens que je mangeais une glace et après plus rien. Est ce que c'est grave ? » Demanda-t-elle légèrement peu rassurée. Le médecin lui adressa un petit sourire forcé avant de les questionner. « Est ce que vous êtes son petit ami jeune homme ? » Un petit sourire amusé s'afficha sur le visage de Lulla, décidément où qu'ils aillent ils étaient toujours victime de leur amitié fusionnelle. « Est ce que vous avez eu des rapports sexuels avec un garçon ces derniers temps ? » Cette question la désarçonna sur le coup. Que voulait-il insinuer ? Dans sa tête elle imaginait déjà le pire, elle avait une maladie sexuellement transmissible, pire elle avait contracté le Sida. La peur pouvait se lire dans ses yeux avant qu'elle ne se souvienne que c'était tout bonnement impossible puisqu'elle était toujours vierge. « Je... euh... Non. Jamais... pourquoi ? » Totalement perdue et déboussolée elle chercha de sa main celle de Reagan.

« Merde Lullaby, dis moi que ce n'est qu'une très grosse blague. » Elle lança un regard interrogatif à son ami, mais de quoi parlait-il ? La jeune femme était perdue, en quelques secondes elle avait perdue connaissance et s'était retrouvée à l'hopital entrain de parler de sa vie sexuelle inexistante avec un médecin et devant son meilleur ami. Elle n'avait pas honte car ils parlaient toujours de tout ensemble sans aucune gêne mais là, la situation était devenue plutôt bizarre. Apeurée elle finit par céder à la pression : « Mais est ce que quelqu'un va me dire ce qu'il se passe ?! » Hurla-t-elle alors inconsciemment. Le médecin signait le dossier avec de le confier à une infirmière. Face à l'appréhension des deux jeunes il finit par mettre fin au suspense insupportable. « Mademoiselle vous êtes enceinte d'environ un mois, personnellement je ne crois pas à l'immaculée conception. » Lâcha-t-il avant de quitter la salle, une infirmière prit le relais pour mettre à jour les perfusions de la jeune femme. Lulla resta muette face à cette nouvelle, comment c'était possible ? Elle n'avait pas de petit copain et si elle avait fait l'amour avec quelqu'un elle s'en souviendrait tout de même c'était pas le genre de chose qu'on oubliait. Mais elle se retrouvait enceinte alors qu'elle n'avait pas la moindre idée de comment ça avait pu arriver.

Qui était le père ? Comment allait-elle annoncer ça à sa famille ? Allait-elle le garder. Une larme coula silencieusement sur sa joue et sans lever le regard vers Reagan elle lui demanda : « Qu'est ce que je vais faire ? Je ne sais même pas comment c'est arrivé, tu crois qu'on m'a violé après m'avoir mis du GHB ? » Demanda-t-elle, son imagination en ce moment même était digne des plus grands films policiers. Ça faisait déjà un mois qu'un petit être indésirable avait élu domicile dans son ventre. Un mois, bien sur elle n'aurait pas pu être alertée avec un retard de règles puisque ça correspondait plus ou moins avec l'arrivée des prochaines dans quelques jours. Un mois, comment avait-elle pu être mise enceinte il y a un mois ? Soudain un éclair traversa ses yeux, il y a un mois elle avait été à cette fameuse fête où elle avait fini par embrasser Reagan. Mais c'est vrai qu'ensuite elle avait beaucoup bu pour éviter d'y repenser et pour ne plus être gênée à chaque fois que quelqu'un venait la charrier avec ça. Ca n'avait pu se passer que là bas. Le seul problème c'est qu'il y avait eu tellement de monde... Mais peut être que si elle était partie avec un garçon quelqu'un les aurait vu. « Est ce que je me suis absentée à la grande fête d'Amber ? Est-ce que... »

Elle put terminer sa phrase, l'émotion avait pris le dessus et les larmes ne cessaient de rouler sur ses joues. Et si... non c'était impossible... Pourtant elle préférait de loin cette option. Mais ils avaient déjà eu du mal à s'embrasser alors ils n'auraient jamais été plus loin si ? Si quelqu'un les avaient vu s'éclipser ensemble dans un endroit plus tranquille ils en auraient entendu parler c'était certain. Elle avait envie de vomir, non pas parce qu'elle avait la nausée mais parce que tout ça la rendait malade. Elle n'avait que dix-sept ans, elle ne pouvait pas avoir un enfant surtout si elle ignorait qui était le père. Elle espérait que Reagan puisse lui en dire un peu plus sur tout ça, il semblait aussi choqué qu'elle.